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mercredi, décembre 18, 2024

L e prof.David DOSSEH appelle à la vigilance.

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Médecin spécialiste en chirurgie générale, premier porte-parole du Front citoyen Togo Debout, Professeur David DOSSEH, ce fervent défenseur des droits de l’homme revient dans cet entretien avec le journal La Manchette sur la crise sociopolitique que traverse le Togo depuis le 19 août 2018 et sur la feuille de route de la CEDEAO. A l’en croire, les recommandations de la CEDEAO comporte des acquis, mais aussi des insuffisances qui doivent être améliorées pour qu’à terme, le Togo sorte gagnant et que la démocratie puisse y prendre pied. La Manchette : Membre du Front citoyen Togo Debout, vous avez relevé les insuffisances de la feuille de route de la CEDEAO, mais aujourd’hui, certains estiment qu’on doit se fonder sur les acquis de cette feuille de route pour avancer. Qu’en pensez-vous ?Prof David Dosseh :

 Mes premières impressions ont été d’insister sur le fait que cette feuille de route possède des acquis sur lesquels le Togo peut capitaliser ses efforts pour évoluer vers la démocratie. Bien sûr qu’il s’agit d’un travail fait par des hommes et qui est donc toujours perfectible. C’est ce qui nous a permis à partir d’un travail d’analyse au sein du Bureau du Front citoyen Togo Debout de mettre le doigt sur plusieurs insuffisances qui doivent être améliorées par la CEDEAO pour qu’à terme, le Togo sorte gagnant et que la démocratie puisse véritablement prendre pied dans notre pays. Pour me résumer, je pense qu’il y a des acquis, mais il y a aussi des insuffisances et il est important que les citoyens, la société civile et les différents partis politiques d’opposition puissent demeurer en éveil afin d’accompagner cette feuille de route pour que nous puissions obtenir l’Alternance tant souhaitée pour notre pays.

Tout le monde parle d’acquis et vous venez d’en faire mention. Pouvez-vous nous relever quelques-uns de ces acquis ?

Le premier acquis qui n’est pas inscrit dans la feuille de route, est qu’aujourd’hui, à la tête de l’institution communautaire (la CEDEAO, ndlr), nous avons un nouveau personnage, une nouvelle personnalité devrais-je dire, il s’agit de la personne du Président Buhari, parce que, je crois qu’il a été difficile pour la CEDEAO de gérer le problème du Togo en sachant qu’à la tête de l’institution, il y avait le Président du Togo. Autrement dit, le Président de l’institution de la CEDEAO était à la fois juge et partie et, si après une année d’exercice, on a pu confier la tête de l’organisation au président nigérian, je pense que cela donne beaucoup plus de marge de manœuvre à l’institution par rapport à certaines décisions et cela pour moi constitue déjà un premier acquis de ce 53e Sommet de la CEDEAO.

Ensuite, pendant longtemps, il était difficile d’évoluer sur la question des réformes parce qu’à chaque fois sur la table des discussions, revenait malheureusement la question de la candidature du Président Faure pour les élections prochaines en 2020. Et là, nous voyons clairement que cette feuille de route indique la marche à suivre ; indique qu’il est nécessaire d’évoluer sur la question des réformes constitutionnelles, institutionnelles en relevant la nécessité pour le Togo de se conformer aux normes de l’espace communautaire, entre autres, la limitation du mandat présidentiel à deux, le scrutin à deux tours, la recomposition de la Cour constitutionnelle, autant d’éléments importants pour asseoir une démocratie. J’insiste là-dessus parce que, je crois que nous sommes dans un espace communautaire où quatorze (14) Etats ont fait le choix définitif de la limitation du mandat présidentiel et, il est temps que le Togo s’y conforme. Si cette feuille de route indique de façon explicite la nécessité pour le Togo de franchir ce pas, je pense que c’est un acquis qu’il faut saluer. J’ai vu les dernières élections présidentielles au Benin, j’ai vu l’entre-deux-tours où l’actuel Président Patrice Talon était avec M. Lionel Zinsou, qualifiés donc pour la finale et, on les a vus échanger. Je prie pour que mon pays puisse également connaitre un scénario de ce genre. Donc la feuille de route donne ces précisons par rapport aux réformes et je crois que c’est un pas avant qu’il faut saluer.

Vous évoquiez aussi son nom et, bien avant qu’il ne soit installé Président de la CEDEAO, Muhammadu Buhari était considéré par une majeure partie des populations togolaises comme le « messie », le sauveur ou le sauveteur de la nation togolaise. Pensez-vous que le miracle ou le déclic viendra du Chef de l’Etat nigérian, actuel patron de la CEDEAO ?

Le Président Buhari ne peut à lui seul régler le cas du Togo. Mais nous avons tous entendu le Président Buhari se prononcer clairement sur la nécessité en Afrique d’aller vers l’Alternance et que les Alternances politiques en Afrique ne sont plus négociables. Je crois que c’est une prise de position qui est forte et qui peut permettre d’avoir foi en cette volonté d’imposer la démocratie dans l’institution. Mais, nous ne pouvons pas croiser les bras en nous disant que le Président Buhari apportera la démocratie pour nous qui sommes Togolais. Il nous revient de nous retrousser les manches, il nous revient d’être sur le terrain, il nous revient de suivre le Comité de suivi mis en place par la CEDEAO, il nous revient de veiller à ce que chaque étape de la marche vers la démocratie se fasse dans le bon sens, il nous revient enfin de travailler même si à la tête de la CEDEAO aujourd’hui, nous avons le Président Buhari.

L’élément nouveau, c’est que la CENI a engagé le processus électoral sans attendre les membres de l’opposition, du moins ceux de la coalition. N’est-ce pas une attitude qui risque de plonger à nouveau le Togo dans des situations déplorables ?

Je crois que c’est une démarche qu’il faut dénoncer parce que la CENI en sa composition actuelle, fait partie des institutions pour lesquelles les togolais ont beaucoup de défiances et donc, avant de pouvoir poursuivre la préparation des élections ; avant de pouvoir définir le cadre des prochaines élections, il est important qu’il y ait un consensus autour de cette CENI, autour de sa composition, autour des actes qu’elle doit poser. Pour moi, la CENI actuelle est monocolore, elle est l’émanation d’un seul parti politique et donc, en sa composition actuelle, je pense qu’elle ne peut rien faire qui puisse être gage de crédibilité, de transparence et d’honnêteté.

Tout à l’heure, nous évoquions les acquis et, en se fondant sur le fait que le processus électoral, quoiqu’on dise définitivement est lancé, que doivent faire les membres de la coalition de l’opposition ?

Au sein du Front citoyen Togo Debout, s’agissant des insuffisances, nous avons dit que le processus tel qu’il avait été initié de façon unilatérale avait suscité beaucoup de suspicions, beaucoup d’interrogations et cela avait même conduit à la suspension du processus. Je pense qu’il faut être logique avec soi-même, si la CEDEAO a suspendu un processus, c’est parce qu’elle a relevé des insuffisances et on ne peut plus s’appuyer sur ce qui a été fait pour essayer de poursuivre le processus et d’aboutir à des élections transparentes. Il faut prendre le courage s’il le faut de recommencer à zéro. Il faut revoir les éléments importants du processus électoral, revoir le cadre électoral dans son ensemble, on a parlé du découpage électoral avec toutes les insuffisances que nous lui connaissons. Aussi faut-il que la CEDEAO prenne son courage à deux mains parce que, si nous devons aller cette fois-ci à des élections d’ordre nationales, il faut que ces élections se fassent de la façon la plus transparente possible. Donc, il revient à la coalition, il revient à la société civile, il revient également au comité de suivi de la CEDEAO de poser des bases saines pour de futures élections, qu’elles soient législatives, locales ou présidentielles.

Alors, est-ce que la date du 20 Décembre est tenable pour les législatives ?

Je pense que cela va être très serré. Ça pourrait être tenable si le Gouvernement joue franc-jeu, si le Gouvernement ou le parti UNIR accepte cette ouverture démocratique, si en face on se dit nous sommes au 21e siècle, nous avons intérêt maintenant à poser les vrais problèmes d’une nation, c’est-à-dire les questions de développement, et donc tout ce qui entrave la marche en avant, qu’on puisse surpasser cela et pour le faire, il faut se dire que dorénavant, les questions politiques doivent être posées dans un cadre démocratique et consensuel. Donc, qu’on accepte le jeu de la transparence, qu’on accepte le jeu de la démocratie, qu’ensemble on mette en place et de façon rapide les bases saines pour des élections transparentes et à partir de là, je pense qu’on peut éventuellement tenir dans l’intervalle qui nous conduit jusqu’au 20 Décembre. Mais si on doit faire du dilatoire, s’il doit y avoir des manœuvres comme celles qui ont commencé avec la CENI, il y aura beaucoup de pertes de temps et d’énergie et on risque de retrouver au 20 Décembre malheureusement avec aucune réforme, et sans réforme, il sera difficile d’organiser des élections au Togo.

Lorsqu’on spéculait sur l’installation d’un Gouvernement de transition, votre nom circulait comme une personnalité intègre, capable de prendre la Primature pour cette mission. Comment aviez-vous vécu cela ?

(Rires). Je ne sais pas dans quel cercle mon nom a circulé. En fait pour le Front citoyen Togo Debout, l’élément clé, c’était la nécessité d’obtenir des réformes avant toute élection. Mais nous nous sommes dits, voilà un Gouvernement qui est en place de plusieurs années et qui depuis 2006, n’arrive pas à mettre en œuvre l’APG. Faut-il encore confier à ce même Pouvoir la prérogative de mettre en œuvre des réformes ou est-ce qu’il ne faudrait pas mettre en place un Gouvernement de mission, en demandant à ce Gouvernement de procéder aux réformes politiques dans le sens de l’intérêt commun. C’est pour cela qu’au sein du Front citoyen Togo Debout pour la mise en œuvre de ces réformes, nous avions proposé qu’il y ait un Gouvernement de transition. Bien sûr que la feuille de route n’en a pas tenu compte, mais elle a mis l’accent sur ce qui paraît plus primordial, c’est la nécessité des reformes. Aujourd’hui, ces réformes passent par le Pouvoir qui est en place, passe par le Parlement et tout cela chapeauté par le Comité de suivi, nous espérons tout simplement que la CEDEAO est suffisamment consciente qu’elle a engagé sa responsabilité, elle a engagé sa crédibilité et si les résultats ne suivent pas, c’est la CEDEAO qui perd.

source: lamanchette.

 

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