A quelle heure ce soir, le vol Air France part-il de l’Aéroport Gnassingbé Eyadéma de Lomé pour Paris ?
Ce n’est pas pour personnellement voyager, mais juste pour y renvoyer un colis infecté. Un colis si encombrant, si nuisible qu’en le conservant une semaine encore, le virus qu’il renferme risque de rendre plus béante la plaie contractée depuis près de trois ans par l’équipe nationale de football de mon pays. Mon cher Togo.
A quelle heure cette nuit, un vol part-il d’ici pour la capitale française ?
J’ai à y renvoyer le plus vieux et plus mauvais sélectionneur français de l’heure, dans une maison de retraite. Il me faudra, comme toute l’Afrique le sait depuis dimanche dernier, interner au plus vite ce vieux gueulard qui ne laisse personne dormir paisiblement chez moi. Il fait partie, malheureusement de ces étrangers gênants et insoutenables pour la terre qui m’a donné naissance. La chère République togolaise.
Eh, accusés, levons-nous ! Oui, levons-nous, toi la République et moi !
Levons-nous et disons clairement au monde ce que nous voyions de sérieux dans les comportements de ce « né et venu de France » avant de le conserver durant tout ce temps ! Ce long temps qu’il a pris à saboter et à détruire ce que nous avions ici de plus cher : les Eperviers.
Parlons franchement à présent, bande de cupides et de têtes fêlées que nous sommes, et disons à la planète Foot qui nous regarde, la fierté que nous ressentons après avoir défendu l’indéfendable jusqu’au bout du vide, conservé plus longtemps que personne ce produit périmé et contribué à envoyer notre sélection au plus profond du précipice !
Comment partout en Afrique, les gens savaient qu’en près de 40 années de présence sur le continent, le vieil orgueilleux n’a rien d’autre qu’un seul titre de CAN gagnée en 1988, que sa carrière s’était aussi arrêtée en ce moment là, et que nous, toi la République togolaise et moi, nous l’ignorions ? Est-ce dans ses mains que nous devions laisser en ces temps contemporains, le destin de nos Eperviers pour une qualification à la phase finale de la CAN 2019 ? Etait-ce vraiment vers ce vieux que nous devions nous diriger en avril 2016 pour pouvoir avoir trois années plus tard, une sélection conquérante ? Admettons que nous avons tout faux.
Devant toi, chère Afrique, la République togolaise et moi, on vient plaider coupables. Laisse-nous nous repentir et dis-nous, à quelle heure ce soir, le vol Air France part-il de l’Aéroport Gnassingbé Eyadéma de Lomé pour Paris !
Nous jurons de remettre les choses à l’endroit, et réparer toutes les erreurs commises trois années durant. Excuse, cher continent, notre entêtement et notre manque de vision, et considère-nous comme des enfants qui n’avaient pas su écouter les conseils de leurs parents et de leurs oncles et tantes. Ça ne se répétera plus.
Peut-être, me dirais-tu chère Afrique que la République togolaise et moi, regorgeons de ressources humaines avisées qui devraient nous éviter le piège du vieux technicien français, et tu aurais raison. C’est d’ailleurs pour ça que nous venons plaider coupables. Car, longtemps la République togolaise et moi, nous nous demanderons comment ce papy a pu nous faire tant de résistance, tant de chantage, malgré ses mauvais résultats… Malgré son manque de respect envers nous. Lui qui, en trois années de présence chez nous, a fait de nos Eperviers, la risée du monde. Trois rencontres des éliminatoires de la CAN 2019 disputées au stade municipal de Lomé, pas une seule n’est remportée…Même face au Bénin et à la Gambie ! Le pire c’est le calice bu jusqu’à la lie devant l’Algérie (1-4).
Plus on y pense, plus on a mal…la vérité étant que le vieux était bien tranquille dans sa préretraite, et n’espérait plus rien de personne, et c’est nous, toi la République togolaise et moi, qui sommes allés lui faire appel. Son prédécesseur Tom Sainfiet avait 7 points après 4 rencontres des éliminatoires de la CAN 2017 lorsque nous l’avions viré. Ce « sorcier blanc » en avait 5 après 5 matchs disputés, et on n’avait rien pu décider. Et en plus, il se permettait de nous narguer, toi la République et moi, mais on l’a toujours laissé faire. Excuse, mère Afrique, notre faiblesse, et pardonne-nous. Dis-nous juste, à quelle heure ce soir, un vol part-il d’ici pour rallier Paris !
Je dois aider l’incapable Claude Le Roy à porter ses valises et ses centaines de millions de CFA, pour son retour chez lui. Lui qui laisse derrière son…éternel séjour au Togo, une sélection sans âme et presqu’inexistante, un parfum de scandale, alimenté par une histoire de…prostituée installée dans sa chambre d’hôtel à Cotonou, ouverte à la presse… Ça se passait tranquillement autour de la rencontre décisive de « ses » Eperviers en terre béninoise… Ces Eperviers bien plongés, à présent, dans un océan d’honneur dévasté, et dont l’avenir teinté d’un noir profond, doit être vite confié à un autre technicien. On t’en donne la parole, très chère Afrique, la République togolaise et moi. Et si on ne le faisait pas, prends-nous comme des fous, comme des gens qui marchent par la tête dans leur petit rectangle…