L’image peut paraître absurde. Elle peut être ridicule pour certains. Mais au Togo, presque tout le monde sait que c’est un quotidien que vivent de nombreuses familles. Les biens immobiliers, surtout les terrains, se révèlent de véritables sources de division et de tension dans les familles où des frères et sœurs de sang peuvent se tuer sans soucis.
Cette image ou ces messages écrits sur ce mur, on les voit un peu partout dans la ville de Lomé et d’autres endroits dans le pays. Parfois, on ajoute le nom et le numéro d’un avocat ou d’un notaire, afin de permettre à celui qui s’intéresse au domaine de le contacter. Mais toujours est-il que le propriétaire (qui peut-être n’est plus en vie) l’a laissé à ses enfants qui se dévorent autour du bien.
« Domaine familial (3 morts déjà). Pas à vendre. Ici, c’est le sang », c’est le message qu’on peut lire sur ce mur. Tout simplement triste. Doit-on être fier de tuer pour un bien immobilier ?
Le message devrait être clair pour ceux qui ambitionneraient une aventure vers ce domaine. Le sang est en train de couler, prévient-on. Il faut être aussi trop têtu pour vouloir aller sur ce chantier, malgré cet avertissement.
Le pire, c’est que dans ce pays, il y a des magistrats qui cautionnent cet état de chose. Selon le Mouvement Martin Luther King (MMLK), plus de 90% des dossiers pendants à la justice togolaise concernent le litige foncier. Et des magistrats surfent sur ces dossiers pour se faire de l’argent. Conséquence : on les retrouve propriétaires de plusieurs hectares de terrains alors qu’ils ne sont pas des héritiers directs de ces terres. Le phénomène de rétro-commission et de commission est passé par là.
Le problème foncier est récurrent au Togo. Des observateurs n’hésitent pas à affirmer qu’il constitue une poudrière dans ce pays. Des organisations de la société civile ne cessent d’appeler le gouvernement ou l’Etat à trouver une solution à la situation. Parce qu’en l’état actuel de la situation, seul l’Etat peut intervenir et siffler la fin de la récréation.
Mais pour le moment, les morts peuvent continuer de se compter dans les familles. Les conflits aussi. Et jusqu’à quand ?
Icilomé