« La politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit ». Dans son Discours au champ d’Arbaud, le 20 mars 1964, Charles de GAULLE convie les français à cultiver la hauteur de leur action sur des valeurs de noblesse pour se débarrasser des compromissions honteuses qui mettent en péril la République. Les exclusions inacceptables, les privilèges scandaleux, les rejets dramatiques de certaines couches des populations sont des travers de mépris qui défont la citoyenneté autant que les peuples entiers, les nations, les républiques.

L’aventure politique qui s’accommode aux intérêts d’un clan, qui travaille à la division, aux privilèges d’un tiers fracture inévitablement la dynamique sociale, l’ordre républicain et bascule toutes les valeurs de références éthiques, morales, contractuelles pour ensevelir l’effort, la volonté de vivre-ensemble, le bonheur des peuples et l’espérance dans le gouffre de l’indélicatesse.

Ceux qui servent véritablement leur pays sont ceux qui travaillent avec un éclat de justice, de dignité, d’équité, de générosité, d’intelligence qui construit l’historicité collective, un parcours commun, une temporalité à la cadence d’un partage et d’un mouvement d’ensemble.

Les pôles territoriaux sériés avec des privilèges spécifiques qui frustrent la grande majorité ou une partie de la collectivité renversent automatiquement le bon sens, la République, le contrat social et l’adhésion aux choix des gouvernants.

Or, toutes les républiques mises aux normes fantaisistes se déconstruisent dans ses glissades de la honte, parce que le jugement des citoyens a vite fait de découvrir le triomphe de la médiocrité et de la sottise qui enfante la haine, la discorde.

Les sectaires qui font office de gouvernants au Togo sont dans des effractions permanentes et des coups de viol à répétition de l’entièreté de la citoyenneté, ce qui consume notre République.

Pour quels motifs peut-on faire le choix d’opposer les Togolais du Nord à ceux du Sud pour inscrire la division dans des lois, dans les normes administratives dans une falsification de l’histoire ?

Le code de la nationalité à géométrie variable est-il au service de la République ?

En quoi un Togolais du Nord ou résident au Nord peut-il devenir plus citoyen avec une voix ou un suffrage exprimé qui pèse deux fois, trois fois, quatre fois, voire treize fois qu’un Togolais du Sud ?

Pourquoi le monstrueux découpage électoral qui rend flottante la nationalité togolaise peut-il encore buter sur des résistances pour un statu quo ?

1) Devoir de justice à la citoyenneté

Nul n’a besoin d’un effort pour s’étonner de la médiocrité incommensurable et incorrigible qui fait l’ancre du régime des artifices scandaleux qui régente le Togo depuis plus de cinq décennies. Le vécu du citoyen est quotidiennement rempli des souillures et éclaboussures d’une dynastie d’une fonctionnalité aux jalons de vacuité conceptuelle où le misérabilisme spirituel est d’un pic inégalé dans la fracture de la citoyenneté.

Le règne qui met une cloison fangeuse entre le Nord et le Sud avec des textes administratifs pour une coupole électoraliste en facturant le code de la nationalité a perdu le sens de l’Etat et le prestige qui va avec la gouvernance. Personne ne peut tolérer le complot d’une minorité à la dignité tondue contre la citoyenneté et le statut de la nationalité.

L’alibi des esprits bavants qui, pour leur cause exclusive, ont décrété rétablir l’équilibre entre le Nord et le Sud supposé avantagé par l’histoire colonial de notre pays n’a ni servi à relever le Nord ni à entretenir le peu d’infrastructures éparses au Sud. La déconfiture du territoire national et la pauvreté que le régime cinquantenaire a répandue par ses choix politiques et ses pillages effrénés des ressources du pays sont devenues des reines qui abattent nos vies dans le tourbillon d’une République en rebut.

L’adhésion au vivre-ensemble est impossible dans la répugnance des pratiques et des méthodes qui ne sont d’aucune exemplarité à fédérer les énergies nationales. Si la nationalité se divise gravement dans une stratégie électoraliste où le citoyen ne se retrouve guère, il ne peut intégrer dans son psychisme l’éthique d’appartenance à un corps, c’est-à-dire, à la communauté nationale et y contribuer sereinement

Les lois et les pratiques divisent la nationalité ordonnent le repli identitaire et font basculer la République dans les ravins de l’histoire. C’est pourquoi le découpage électoral qui octroie une puissance de suffrage et de droit de vote aux togolais du Nord jusqu’à treize fois supérieurs aux Togolais du Sud appelle à une insurrection de la conscience citoyenne. La discrimination instituée par des textes électoraux est de la même portée que l’apartheid combattu par les noirs d’Afrique du Sud, les métis et même par des blancs de ce pays autant que par les pays blancs de ce pays autant que par les pays de la ligne de front, l’Organisation de l’Unité Africaine, l’ONU.

Par conséquent, nous Togolais, avons le droit de porter plainte contre le régime discriminatoire des GNASSINGBE qui a fait du code de la nationalité une notion flottante, variable selon l’espace d’occupation territoriale du citoyen. Nous devons lancer une pétition aux fins d’assigner en justice et devant la Cour de la CEDEAO la dynastie tyrannique pour ces textes discriminatoires, dangereux pour la citoyenneté et l’équilibre régional, parce que les exclusions, les frustrations institutionnalisées et imperfectibles appellent les peuples à l’insurrection, à la révolte.

Nous n’avons pas le droit de rester quoi en tant que peuple ou complice de la tragédie du code électoral qui brise le code de la nationalité pour sérier les Togolais avec des récompenses farfelues et des infortunes punitives selon la résidence du citoyen. Franklin ROOSVELT, ancien Président des Etats-Unis disait à juste titre : « Gouverner, c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous »

L’usurpation de la majorité au Parlement par une minorité ne saurait continuer sur la base d’une démolition du code de la nationalité. Notre combat est éthique, judiciaire, moral, civique, patriotique. Nous devons rehausser la concorde nationale, notre appartenance à la patrie. Cet engagement n’est possible que sur les normes de la justice et de l’égalité. Comment pouvons-nous nous regarder les yeux dans les yeux sans honte avec l’objectif des réformes qui en laissent perdurer la plus haute trahison du code de la nationalité ?

2) Une résistance insensée au scandale

Pour qui a la faculté de jugement et la bonne volonté, la rectification de la faute et une exigence de dignité humaine. La faute morale ne saurait être une institution en République. L’horreur n’a pas de charme ni de puissance à faire progresser un pays. Par ambitions sectaires, un tiers ou un groupe d’individus ne peut décider d’abattre tous les repères d’une République. Le code de la nationalité participe de notre histoire commune et non de la légende d’une dynastie. Il n’y a pas une autre solution que de le redresser, de le recoudre pour qu’il demeure notre boussole de justice et d’égalité.

Notre peuple s’éveille a sa propre histoire et tient à la faire par lui-même, par sa sueur, ses sacrifices, son sang dans le combat contre les abominations qui nous ont si longtemps courbé nos têtes. Le mouvement national du 19 aout 2017 a si promptement remorqué les Togolais à l’unisson au cri de la justice. Un nouvel esprit est né, il est au galop dans le cours des événements et ne peut s’accepter choir sur un principe d’égalité des citoyens devant les urnes et devant le devoir.

Les combinaisons de la fange électorale et administrative heurtent notre conscience et mettent en réactions incisives notre peuple qui s’oppose au traficotage électoral sous la base d’une fracture crapuleuse de la citoyenneté. Là ou triomphent les stupides fractures des repères nationaux, il n’y a d’autre choix que la réhabilitation de la justice et du droit. Comment s’octroyer ou faire prévaloir une œuvre de paix ou de réconciliation sans le minimum exigible de légalité des citoyens ?

Le Togo est le seul pays au monde dont l’Opposition écrase en suffrages exprimés le parti au pouvoir des trois cinquième du vote de l’ensemble des circonscriptions électorales en perdant la majorité au Parlement. Cette aberration n’est surtout pas à l’honneur de la République et de ceux qui la font. Pour ceux d’entre nous qui ont le cœur vraiment à la paix et à l’espérance, il y a une voix intérieure et profondément intime qui, de l’aube au crépuscule, nous chuchote : « Soyez justes pour être heureux ».

Ceux qui désirent la paix par l’errance dans les lieux de culte et qui veulent la réconciliation sur le socle de la rapine, de l’injustice, de la duperie perdent leur temps et le combat. Le Président du Ghana à la franchise de leur dire le 31 juillet 2018 qu’ils ont mis ce pays à l’abandon, un laisser- pour-compte à cause de ses forfaitures, de ses impostures plantureuses et permanentes. Nous ne les accepterons plus. Sudistes du Togo, nordistes du Togo, nous sommes égaux devant le vote. La sottise n’est pas notre identité. Elle ne sert qu’à couler notre navire. Ce qui nous reste à faire, c’est d’être plus forts dans nos décisions à l’unisson prises pour réinventer l’espérance dans notre pays. Refusons les élections qui nous avilissent. Personne ne nous y obligera. Le découpage électoral qui divise la nationalité et comporte un délit de résidence ordonne notre action de refus.

source: icilome.com